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Art for curtains or sofa 2017

Création d’authenticité fabriquée

Entrée journal : 2010-2017- Déambulations, Dakar, Sénégal

Quand je parcours les rues de Dakar, les villages artisanaux, j'y vois presque partout des peintures qui semblent créées par le même artiste tant leurs ressemblances sont frappantes.

 

Entrée journal : 01-01-2017- Le temps des questions

Cette rencontre, bien que surprenante par sa forme visuelle, m'était déjà apparue dans bien d’autres hauts-lieux du tourisme. De nombreuses questions suite à ces rencontres s’ouvraient à moi :

Quelles sont les vocations de ces peintures?

Quelles informations donnent-elles sur un pays ?

Cette masse picturale si accessible a-t-elle pour vocation de démocratiser la peinture ?

Elles, négociées âprement, acquises pour de modiques sommes, qui sortent en masse du pays et voyagent, sont-elles d'un apport quelconque pour le peintre et pour la peinture en général ?

Est-ce le donné à voir du Sénégal à l’étranger ?

 

Ces peintures me semblaient être une évocation. Celle d’une carte postale imaginaire...

J'y percevais la volonté d'être en accord avec une certaine idée fantasmée de l'Afrique qui pourrait satisfaire à la cueillette du voyageur.

Ainsi à son retour, au détour d’une conversation, le « revenant de... » peut illustrer ses propos par cette preuve fièrement affichée à son mur, telle un trophée (bien que toute forme de chasse soit proscrite par la morale en 2017). 

Mais voilà, ces oeuvres imaginées, fantasmées pour les touristes  depuis plus de 40 ans, ne sont-elles pas qu’une madeleine de Proust desséchée et polie par le vent du sahel ?

 

Entrée journal : 20-01-2017- Le temps de la réflexion

Cet art, dit “d’aéroport” , semble naître d’une énergie de faire un maximum en un minima de temps et de moyens. Tout se crée séquentiellement : le fond, le motif, la couleur dominante.

Puis, indéfiniment, les mêmes valeurs sont reprises et déclinées avec différentes couleurs, telle une inconsciente performance.

 

Entrée journal : 24-01-2017- Cheikh Anta Diop 

Je me demandais qui dupait qui dans cette histoire de tableaux …

Finalement, est-ce qu'il y avait un usurpé ?

 

Dans son livre « Nation Nègre et Culture », Cheikh Anta Diop y décrit les principes de la destruction méthodique d’un peuple par l’anéantissement de sa culture. La méthode de l’assimilation en est un des principes fondamentaux.

 

En voyant ces toiles destinées essentiellement à être vendues aux touristes, je me demande quelle est la part du culturel qui survit dans ses représentations ? Suis-je en présence d'une conquête, d'une dévastation ou simplement, ni de l'une, ni de l'autre ?!

Cheikh Anta Diop explique aussi à travers cet ouvrage  ce qu'il conçoit comme la différence entre l’Art dit “occidental” et l'Art dit “ africain “ en mettant bien en opposition ou, pour le moins en parallèle, leurs différences essentielles.

Là, où l’Art occidental  cherche à reproduire le réel jusqu’à son imitation parfaite, l’Art africain s'essayerait  plutôt à une transcription du réel plus abstraite par le rythme, la forme et la couleur.

 

Finalement, ces tableaux sont-ils de l'Art africain comme selon l'énoncé de Cheikh Anta Diop ?

Ne sont-ils pas simplement l'expression d'un reflet des attentes fantasmées de leurs “voyeurs” ?

L'artiste est-il “assimilé” ou joue-t-il consciemment d'une partition truquée pour répondre aux désirs du touriste de passage ?

Est-ce un effet inhérent à la mondialisation ? Cet effet gommerait-il certains contours pour en revêtir de plus universels ? 

Quelle est la part d’authenticité restante ? Quelle est la part fabriquée ?

 

Entrée journal : 25-01-2017 – La performance

Au vu du besoin émotionel de cette évocation pour le voyeur qui semble être le seul moteur poussant l'artiste à créer et le voyeur à consommer,  qu’en serait-il si nous déconstruisions ces tableaux ?

 

Ils sont toujours composés de deux éléments : un fond coloré + un « motif typique ». 

Pour ma part, il manque une donnée dans cette équation qui est  l’aspect consumériste  du touriste.

Comment cette donnée pourrait-elle s'imbriquer dans cette imagerie ?

La génération d'une base de données s'impose alors ; je vais créer une équation sur le principe de trois éléments soient, fond coloré + motif typique + représentation visuelle de l'activité touristique.

 

Nous pouvons, dès lors, imaginer un langage né de ces éléments, qui seraient dissociés et recombinés de manière aléatoire dans la matrice -notre base de données- par un algorithme génératif.

Alors apparaîtra l'éclosion d'un langage absurde dans lequel s’imbriqueront ces trois composantes, une équation sans affect ni sensibilité où seuls, le rythme, la forme et la couleur seront maîtres de la perception.

Dès que trois données s’accommodent les unes des autres, elles sont remplacées par les trois suivantes, et ainsi de suite jusqu’à l'épuisement de la base données, pour encore, recommencer.

Ainsi oeuvre l'algorithme, générant à l'infini, tel le rythme des peintres en atelier produisant à la chaîne, couplé au rythme de prise de photos numériques au format instagram.

 

Processus de création 

 

Première partie :

Génération de la matrice :

Création de 19 peintures de dimension 30*30 cm afin de générer la banque d’images, nourriture de l’algorithme.

Fond coloré + motif typique + représentation visuelle de consommation touristique = une toile

 

 

 

                                   

 

 

                                    +                                                                                      +                                                                                                =

 

 

 

 

 

 

 

Deuxième partie :

Création de l’algorithme en fonction de la base de donnée :

L'algorithme travaille à associer des images de manière aléatoires qui sont strockées dans trois dossiers distincts : les fonds colorés, les motifs typiques et les représentations visuelles de consommation touristique.

Il va assembler ces trois éléments l'un à la suite de l'autre sur une durée de 10 secondes par image générée produisant ainsi une succession de toiles inédites en ligne sur le réseau internet.

 

Troisième partie :

Création peinte du QR code en lien avec l’algorithme stocké sur un site web dédié à l'oeuvre générative.

Mise en ligne des trois dossiers constituant la matrice : les fonds colorés, les motifs typiques détourés ainsi que les représentations visuelles de consommation touristique.

Mise en ligne de l'algorithme sous le nom de domaine art-for-curtains-or-sofa.com

 

art-for-curtains-or-sofa.com

 

 

Collaborations

Mél-odile, Moustapha kalil Ouattara, GawLab

Copyrights

Création :

Mél-Odile
 

Algorithme développé par :

Moustapha Kalil Ouattara kalilouat@gmail.com



Supervision générale
Praline Barjowski

& Gawlab

http://gawlab.net/

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