Magic Land 2 2011-2016
Le Crépuscule des funambules
Un immense cirque électrique est érigé depuis la « Présidence », lieu doré du pouvoir. Ainsi, les funambules dressés sur des échasses font de l’équilibrisme sur les fils des nerfs de leur portefeuille.
Tout funambule qui perd l’équilibre est immolé dans l’autel de la baie de Soumbédioune. Le marchandage est féroce, les clients aux poches trouées font des astuces pour échapper à la vigilance meurtrière des douaniers de la détresse financière. La peste « monétaire » s’installe à Dakar après la diarrhée des milliards de l’époque de la tête chauve du monument de la renaissance africaine. Nos funambules, tels des zombies, sont électrocutés par les flammes incandescentes du soleil mais, tel Prométhée, ils tiennent à voler le feu aux dieux de la survie. Ce funambule a son gratte-ciel de matelas-éponge sur le crâne, son vis-à-vis a une pluie de balais dans le dos et sur la tête.
Nous sommes à l’ère crépusculaire des funambules et à l’ère de la cassure des colonnes vertébrales. Les « météorologues » détectent un ouragan de marchandises sous les mains des marchands ambulants déambulant dans les ruelles des fils d’un cirque électrique en se moquant des flics.
Le maître du cirque a été reçu à la Maison Blanche en même temps que quatre de ses collègues sous le regard hagard du maître des lieux car le crépuscule des funambules est une danse transe mondiale. Obama fait que le trésor américain pique des crises d’épilepsies dans le royaume doré des chinois. La Nasa à bord de « curiosity » préfère se balader dans les longues avenues rougeâtres de la planète Mars que d’aider la lutte contre la pauvreté des funambules du quart-monde.
Les chinois assaillent la planète tels des essaims d’abeilles pour distribuer du miel de pacotille aux dévalués. En sous-funambules, les chinois font des numéros exceptionnels d’équilibriste dans la gueule sans croc du dollar, dans les ruines des toiles d’araignées du CFA.
Les funambules peuplent la Terre, les richesses sont détenues par la minorité qui décide de la traite négrière de la majorité mais les équilibristes s’immolent dans les braises de l’ignominie des riches et engendrent une aube pour une nouvelle ère de l’humanité, l’ère crépusculaire des funambules qui veut dire survivre ou mourir, tel est le destin et le dessin du funambule.
Texte Thierno Seydou Sall, le poète errant